M. Guy Rocher, lauréat du prix Camille-Laurin (2022)

Mme Ginette Galarneau, présidente-directrice générale de l’Office québécois de la langue française, M. Guy Rocher, lauréat du prix Camille-Laurin 2022, et M. Simon Jolin-Barrette, ministre responsable de la Langue française.

Guy Rocher a un parcours qui suscite l’admiration. Intellectuel de renom et citoyen engagé, il a contribué de façon exceptionnelle à faire rayonner le français et à consolider sa place dans l’espace public. Reconnu par ses pairs tant au Québec qu’à l’étranger, M. Rocher jouit d’une réputation telle que son nom a été ajouté en 2009 à la liste des noms propres qui figure dans l’édition annuelle du Petit Larousse illustré.

Sa participation à la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans les années 60, qui est mieux connue sous le nom de commission Parent, est l’un des moments clés de son implication sociale. Du point de vue de la langue, les réformes implantées à la suite des travaux de la commission ont notamment permis d’accroître la qualité du français parlé et écrit au Québec, que ce soit par l’amélioration des pratiques d’enseignement ou par la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur.

L’engagement civique de M. Rocher ne s’est cependant pas arrêté là puisque celui-ci a accepté, en 1976, de mettre sa carrière universitaire de côté pour répondre à l’appel de son ami Camille Laurin, ministre d’État au Développement culturel au sein du nouveau gouvernement dirigé par René Lévesque. En tant que sous‑ministre, il a pris la tête d’une équipe qui a été à l’origine de la préparation et de l’adoption de la Charte de la langue française.

La Charte, rappelons-le, a permis de faire du Québec une société où le français est la langue commune. Par exemple, c’est grâce à la Charte que la francisation des milieux de travail a pu se faire à une si grande échelle. M. Rocher a été l’un des principaux artisans de cette réforme linguistique. Il a aussi veillé à l’application de la Charte pendant les deux années qui ont suivi son adoption en s’assurant du bon fonctionnement des quatre organismes chargés de faire respecter la Charte, dont l’Office de la langue française.

Par la suite, M. Rocher a travaillé à la préparation d’une politique de développement culturel et d’une politique de la recherche scientifique, qui visaient toutes deux à inscrire la nouvelle politique linguistique dans un cadre cohérent et englobant qui favoriserait l’épanouissement du français au Québec dans toutes les sphères de la société.

Encore aujourd’hui, M. Rocher continue de s’impliquer et d’intervenir dans les débats publics. Son récent témoignage en commission parlementaire pour faire valoir la pertinence du projet de loi 96 en est un bel exemple.

On ne s’étonnera pas que les réalisations de M. Rocher, qui ont littéralement contribué à changer la face du Québec, lui aient valu de nombreuses distinctions au fil des années, dont les titres de membre de l’Ordre du Canada, de membre de l’Ordre national du Québec et de membre de l’Ordre de l’excellence en éducation du Québec. Au regard d’un palmarès aussi impressionnant, accorder le prix Camille-Laurin à Guy Rocher allait donc de soi pour le jury.


M. Gérald Larose, lauréat du prix Camille-Laurin (2020)

Mme Ginette Galarneau, présidente-directrice générale de l’Office québécois de la langue française, M. Gérald Larose, lauréat du prix Camille-Laurin 2020, et M. Simon Jolin-Barrette, ministre responsable de la Langue française.

M. Gérald Larose a laissé sa marque dans plusieurs domaines, dont le travail social, la défense des droits des travailleuses et travailleurs, l’économie sociale, et ce, toujours avec, en toile de fond, le souci de faire respecter et de protéger la langue française.

Pour lui, la question de la langue en est une de justice sociale. Il affirmait d’ailleurs, dans une entrevue accordée en 2019, que défendre la langue française, c’est défendre le principal outil de la majorité, qui est une majorité ouvrière et travailleuse.

Président de la Confédération des syndicats nationaux pendant 16 ans, il a été de toutes les mobilisations linguistiques et de tous les combats pour défendre la Charte de la langue française, condamnant notamment les jugements de la Cour suprême qui ont affaibli la portée des articles sur l’affichage. En 2001, le gouvernement lui a d’ailleurs confié la présidence de la Commission des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec.

Pour réaliser cet important mandat, la commission a tenu des audiences dans toutes les régions du Québec et a organisé des journées thématiques et un colloque international. S’en est suivi un forum national qui a mené à la rédaction du rapport intitulé Le français, une langue pour tout le monde. Plusieurs recommandations contenues dans ce rapport ont permis d’élargir le discours sur la langue pour le rendre plus inclusif en faisant du français la langue commune de toutes les Québécoises et de tous les Québécois. De plus, certaines recommandations se sont retrouvées dans le projet de loi 104, déposé en 2002. Cette loi a, entre autres, mené à la redéfinition de la mission de l’Office de la langue française, qui a alors pris le nom d’Office québécois de la langue française.

En parallèle, M. Larose a été recruté en 1999 par l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal comme professeur invité. La langue française a fait partie intégrante de ses objets d’étude, de recherche, d’enseignement et d’intervention.

Au cours de sa carrière, il a aussi eu l’occasion de donner plusieurs conférences, tant au Québec qu’à l’étranger, dont certaines portaient notamment un regard sur les enjeux liés au dossier de la langue française.

Puis, en 2019, l’Académie française lui a décerné le prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises. À noter que ce prix est décerné à des personnalités françaises ou étrangères ayant rendu à la langue et aux lettres des services particuliers. Avec l’importante feuille de route de M. Larose en matière de protection de la langue française, on peut dire que l’attribution de cette décoration était plus que méritée. Au regard d’un palmarès aussi impressionnant, accorder le prix Camille-Laurin à Gérald Larose allait donc de soi pour le jury.